Découvrir le métier de parfumeur

Qu'est-ce qu'un nez ? Une partie de notre visage oui et ?

Être un nez est en fait, être un parfumeur.

C'est en 1651 que Louis XIV délivra le brevet et la reconnaissance du statut "Maître gantier-parfumeur" (à l'époque, on parfumait le cuir, d'où cet alliage).

Bref, revenons en 2021. 

Car ce métier est un métier peu connu aux yeux des consommateurs, parce-que nos parfumeurs exercent un métier dans l'ombre (place à la marque, au packaging, à l'égérie mais... sans le jus dans votre parfum, il manquerait quelque chose non ?)

Nous avons interrogé nos 4 parfumeures chez Flair, afin de vous expliquer au mieux ce métier, ses facettes, ses avantages et ses spécificités. 

  • Quelle est la formation pour devenir parfumeur ? 
Il y a beaucoup de parcours différents : avec ou sans école, en passant par une école interne à une maison de composition ou non, en étant autodidacte etc... Chez Flair, deux formations se rencontrent. Amélie et Anne-Sophie ont fait leur gamme chez Cinquième Sens et ont appris d'un maître parfumeur. La transmission étant la clé de leur apprentissage. Quant à Camille et Elia, elles ont toutes les deux fait l'Ecole Supérieure du Parfum, un cursus en 5 ans mêlant chimie, olfaction, création, marketing...etc dont une des spécialités est la création de parfum. 
  •  Quelle est la différence entre une grande maison de composition (type Givaudan, Firmenich, Symrise) et un laboratoire indépendant ?
Dans les grandes maisons de composition, il y a beaucoup d'intermédiaires (évaluateurs, commerciaux, marketing...etc) qui participent au processus de création du parfum, tout le monde y a un rôle. Chez les parfumeurs indépendants, il peut y avoir ou non des évaluateurs. Chez Flair, nous sommes 4 parfumeures, il n'y a pas d'intermédiaires. Il y a une relation souvent privilégiée entre les clients et les parfumeurs. La création est faite sur mesure, le processus est très réactif et rapide et enfin les quantités proposées en production sous souvent adaptées aux besoins des marques plus petites. 
  • Quelle est la différence entre évaluateur et parfumeur ? 
Ce n'est pas du tout le même métier.
- Le parfumeur a le savoir-faire de la composition, il assemble les matières premières et les fait vivre entre elles. Il est à la genèse de la création.
- L'évaluateur est une personne intermédiaire entre le parfumeur, les clients et les commerciaux, qui va traduire les envies client et aiguiller la création du parfumeur. C'est quelqu'un qui connait le marché par cœur. Il a donc un rôle très important au sein des maisons de composition, entre coordination, stratégie et expertise olfactive. Il  a un regard sur l'essai fini et peut ainsi avoir un certain recul face à la création.
  • Comment faire pour savoir si telle ou telle matière s’accordera avec une autre ?
C'est un apprentissage très long, à base d'expérimentations et d'essais. On suit notre intuition olfactive en imaginant ce que va donner tel ou tel accord. On compose. Puis on pèse la formule au laboratoire. On la sent, on apprend. Et on recommence. Au fil des années et des nombreux essais, on commence à connaître les matières et leurs réactions les unes avec les autres. Mais les associations sont infinies, nous avons toujours de l'inspiration et l'envie de tester de nouvelles choses !
  • Pourquoi les femmes parfumeures sont elles moins mises en avant que les hommes ? Nez serait-ce un métier d’hommes ?
Comme beaucoup d'autres métiers, le métier de parfumeur est longtemps resté l'apanage des hommes. Cela change avec les générations. Il y a de plus en plus de femmes au sein des maisons de composition ou à la tête de la création de certaines grandes marques (Christine Nagel chez Hermès, Mathilde Laurent chez Cartier). Les élèves des écoles sont aussi majoritairement des femmes. Si les médias ont encore du mal à s'attarder sur les profils et créations des parfumeurs femmes, cela va bien finir par changer (on espère !). La tendance va dans le bon sens et demanderait encore plus d’inclusivité.
  • Quel est le concept de Flair ?
Notre studio de création a pour but de créer de nouveaux accords pour proposer des parfums originaux. Nous faisons tout pour être le plus réactif possible afin de rendre concret et réel le projet d’un client.
  • Les grandes maisons de compositions créent souvent elles-mêmes les ingrédients. En tant qu'indépendant, comment trouvez-vous vos matières premières ?
Nous choisissons les matières premières de notre orgue en partenariat avec VO Aromatiques à Grasse, l'usine avec laquelle nous travaillons. Les matières premières viennent de différentes sociétés : Biolandes, Firmenich, Robertet, Behave etc….
  • Connaissez-vous toutes les matières premières de la parfumerie par cœur ?
Non, au laboratoire nous faisons déjà une sélection par rapport aux nombreuses matières premières qui existent dans l'industrie. Celles de notre palette, nous les connaissons très bien, mais nous n'avons de cesse de les redécouvrir, d'en découvrir de nouvelles facettes. C'est ce qui est passionnant dans ce métier, nous n'avons jamais fini d’apprendre. 
  • Combien de temps (en moyenne) dure la création de parfums ?
Cela peut aller de quelques mois à un an, un an et demi. 
  • Quel est le prix (moyen) que l’on vous donne pour composer ?
Le budget moyen que l'on nous donne est souvent autour des 150€ /Kg pour un parfum de peau, et 50-80€ /Kg pour une bougie. Cela peut être moins ou beaucoup plus en fonction des envies du client. 
  • Où sont fabriqués vos parfums ? 
VO Aromatiques gère aussi la production du concentré, qui se fait dans leur usine à Grasse. 
  • Faites-vous autre chose que du parfum ?
Oui, des bougies, des signatures olfactives, des savons, shampoings, crèmes, lessives… etc
  • Quelle partie préférez-vous dans votre métier ? 
C'est avant tout un métier de passion donc tous les aspects, passionnants comme plus rébarbatifs, font partie du métier dans sa globalité. C'est l'aventure en entier que l'on choisie lorsque l'on décide d'être parfumeur indépendant. Après, nous avons toutes nos préférences, même s'il est difficile de choisir : 
Camille : Arriver à transmettre une émotion par la création 
Elia : Le contact avec les matières premières et la création autour de celles-ci 
Amelie : Créer (imaginer, interpréter, retranscrire) et les échanges avec les DA
Anne-Sophie : Le bonheur de créer un parfum qui accompagne, qui rassure, qui égaie ou qui émeut.
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